PATRONNE DE GANNAT
Elle était fille du comte de Rodez et s’était vouée à Dieu. Son père ayant voulu la marier à un riche seigneur, Géraud d’Aurillac (peut- être un neveu du grand saint), elle s’enfuit furtivement le jour des noces, marcha longtemps à travers le Rouergue et l’Auvergne, arriva aux collines de Gannat, alors couvertes de grands bois, et s’y réfugia. Elle y vécut quelques temps au milieu des bergers. Mais Géraud, monnayant des renseignements, découvrit sa retraite et, devant son refus obstiné de l’épouser, lui trancha la tête d’un coup d’épée, lui disant « tu n’as pas voulu de moi comme amant, tu m’auras comme bourreau ». La tradition rapporte que ce martyre eut lieu à la porte des bouchers, à la croix des Augustins.
Mais l’histoire de la sainte ne s’arrête pas avec sa décollation. La légende ajoute que Procule se releva, prit sa tête entre ses mains et la porta, après cinq stations, sur les marches de l’autel de l’église Sainte Croix. Quelques années plus tard, les gannatois choisirent sainte Procule pour patronne et firent élever, à chacun des cinq endroits où la vierge avait fait ses stations, une chapelle dans laquelle était représentée la posture qu’elle devait avoir eue en s’y reposant. Le temps les a fait disparaître.

Plus tard, une autre chapelle fut construite prés du couvent des pères Augustins ; elle fut détruite en 1793. On restaura alors une ancienne chapelle oubliée par les révolutionnaires, à une petite distance de Gannat, dans un site pittoresque appelé le pas de sainte Procule parce qu’on croit voir l’empreinte de ses pas sur les rochers granitiques des alentours. C’est dans cet endroit que, le lundi de Pâques, les habitants se rendaient en foule pour honorer la sainte patronne, chaque jeune fille achète le ruban de la vierge qu’elle ajoute à sa parure.
Vers la même époque, les pieux montagnards de la Marche et de la haute Auvergne, qui vont exercer leur travail dans d’autres provinces de France, s’arrêtent en foule à la chapelle. Là, ils se découvrent, s’agenouillent et prient. Avant de se remettre en route, beaucoup d’entre eux détachent de légères parcelles de la porte de la chapelle. Ces reliques les protégent dans leurs voyages et favorisent leurs laborieuses entreprises.

Aujourd’hui encore les Gannatois gardent un grand attachement à leur sainte patronne et chaque lundi de Pâques une messe est célébrée à la chapelle du vallon au pied de l’Andelot qu’a rejoint le Gouenant.