La Piété à travers le prisme de la peinture murale religieuse

Dans l’ensemble, la peinture murale est envisagée en tant que support matériel de communication profondément attaché au lieu cultuel et dévotionnel qu’est l’église. Par son inscription dans ce lieu et par son caractère monumental, elle constitue un mode de diffusion privilégié pour des messages dont les destinataires appartiennent à la fois aux sphères céleste et terrestre.
Les thèmes iconographiques présents dans l’église Saint-Pourçain de Louchy-Montfand sont très intéressants abordant par exemple la piété, la prière, l’adoration.
Sur le mur Nord-Est, une composition comportant des lacunes représente une Adoration des Mages.

Une autre composition présente dans cette église, la scène d’une amende honorable. Cette peinture murale figure sur la retombée sud de la voûte de la nef. Cette iconographie picturale est un thème unique, et très rare, mettant en scène un acte de pénitence.

A travers la peinture murale transparaît la culture des clercs. Leur « connaissances vivante du texte de la Bible » est ainsi mise au service d’une construction spatiale et rituelle de l’ecclesia.
La gestion et la lecture des espaces et de leur prise en compte du statut des édifices et de leur histoire apparaît comme indispensable et fondamentale. Dans cette perspective, traiter les images associées à l’architecture pour elles-mêmes, sans les intégrer dans un environnement plastique faisant intervenir d’autres supports d’image comme le mobilier est hasardeux.
Nous avons par exemple des dispositifs à l’entrée du chœur liturgique, qui sont souvent associés à l’élément de mobilier qu’est la poutre de gloire avec un Christ en croix, dont nous avons un très bel exemple dans l’église Saint-Symphorien de Biozat ,constituant un écho ou un palliatif.

Dans le chœur même, le terme de représentation prend toute sa dimension. Nous pouvons y remarquer le plus souvent la figure du Christ en majesté, comme celles des apôtres et des anges et, dans certains cas, celles des titulaires de l’édifice.
Le chœur peut également accueillir la transposition imagée de vœux effectués, notamment lors des épidémies. La peste de 1348 a laissé quelques traces avec l’intégration de figures prophylactiques, comme saint Sébastien, ou de groupes priants en lieu et place des apôtres.

Un autre espace de célébration : l’autel secondaire. , essentiellement en raison des acteurs diversifiés œuvrant dans ces espaces avec la fondation et la célébration de messes particulières.
Ainsi, l’évocation du Christ en majesté est loin d’être systématique, dans ces espaces secondaires. Toutefois, une exception très signifiante se trouve dans l’église Saint-Julien de Saulcet avec ses deux représentations de Christ en majesté sur les voûtes des deux bas-côtés de l’édifice. En effet, sont présentés deux gigantesques Christ en majesté sur les voûtes nord et sud de la première travée occidentale, devant vraisemblablement être un ancien emplacement de deux chapelles votives.

La peinture est interrogée dans son rôle de vecteur permettant la matérialisation de la communication entre le commanditaire et les sphères terrestre et céleste. Cette communication peut s’opérer à travers l’exposition de thèmes iconographiques et épigraphiques choisis, de gestes et de paroles par le portrait et de l’identité du ou des fondateurs par divers signes comme l’inscription, le portrait ou l’héraldique.

Par ailleurs, des commanditaires fondent une chapelle pour leur sépulture et demandent à ce que celles de membres de leur parenté soient déplacées dans ces espaces nouvellement créés.
A partir du XVe siècle, des thèmes littéraires vont également être choisis comme le Mors de la pomme, la Danse macabre ou le Dit des trois Morts et des trois Vifs, qui apparaissent rarement isolés.

Dans les peintures murales, les fondateurs sont assez souvent représentés agenouillés, avec, éventuellement, un objet de donation en cire ou des objets liés à la prière, comme le livre, le chapelet ou encore le cierge.
La question de la temporalité est souvent posée. Au-delà d’une normalisation des gestes évidentes, s’agit-il de perpétuer des gestes post-mortem et ainsi de participer à la célébration de sa propre mémoire ou de mettre en avant des gestes pieux opérés du vivant?
Cette question est insoluble, d’autres fondateurs optent pour un schéma proche de la plate-tombe gravée ou du gisant et figurent dans une attitude de repos.

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